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Régis Loisel, Grand Prix d'Angoulême 2003

Auracan.com était sur place lorsque Régis Loisel a appris qu'il sera le président de la prochaine édition d'Angoulême !

Régis Loisel

Régis Loisel est né en 1951. Il vit aujourd'hui entre la Bretagne et Montréal. A partir de 1970, il publie ses premiers dessins dans Le journal des Pieds Nickelés, fréquente quelques temps les cours de bande dessinée de la faculté de Vincennes qu'animent Jean-Claude Mézières, puis collabore à Pilote, Fluide Glacial, Métal Hurlant. Tout en créant des illustrations pour divers ouvrages et magazines, il publie son premier album, Les Nocturnes (Kesselring), en 1978. En 1982 débute l'extraordinaire aventure de La quête de l'oiseau du temps (Dargaud) en compagnie du scénariste Serge Le Tendre. Avec cette série, publiée de 1983 à 1987 pour ce qui est des quatre premiers tomes (un second cycle est en cours de réalisation), et qui se classe aujourd'hui parmi les best-sellers de la bande dessinée française, Loisel développe un trait personnel, vif et chatoyant. Pionnier de l'héroïc-fantasy européenne, Loisel signe seul une adaptation du mythique Peter Pan (Vents d'Ouest), une série qui rencontre également un succès considérable. Loisel a également travaillé pour le dessin animé : il a collaboré avec les Studios Walt Disney sur les films Mulan et Atlantis. Délaissant parfois sa planche à dessin, il scénarise également pour d'autres dessinateurs : Christine Oudot (Fanfreluches pour une sirène), Pierre Guilmard (Les Farfelingues), Philippe Sternis (Pyrénée), ou se tourne vers le jeu vidéo (Gift).

En lui décernant le Grand Prix, l'Académie d'Angoulême récompense un auteur phare de la bande dessinée populaire, qui a su, depuis maintenant trois décennies, développer une œuvre personnelle, ludique et originale. Est-il besoin de rappeler le nombre de dessinateurs que Loisel a influencé ?… Samedi après-midi, un peu après 17 heures, nous étions quelques rares journalistes à l'hôtel Mercure (un lieu incontournable d'Angoulême !) pour féliciter Régis Loisel, alors que le public devait encore attendre 21h30 pour connaître le nom du Grand Prix de la Ville d'Angoulême.

Rencontre…

Régis Loisel, quel est votre sentiment en rejoignant l'Académie des Grands Prix ?
Je suis ravi, vraiment ravi, mais je ne vais non plus en faire un fromage ! Je suis très content, c'est vrai.

C'est une consécration…
Non, c'est une reconnaissance très sympa de mes amis de l'Académie des Grands Prix. La consécration, c'est le public qui me l'a déjà donnée ! Il me l'a donnée à différentes reprises : j'ai déjà eu deux fois le prix du public à Angoulême. Mais c'est très sympa d'avoir aussi la considération de ses pairs. Evidemment, il ne faut pas non plus prendre tout ceci trop au sérieux ! C'est moi cette année, ce sera un autre l'an prochain…

Chaque président apporte sa petite touche personnelle. Qu'allez-vous faire ?
Je n'ai jamais fait attention à ça, je ne sais absolument pas ce que je vais faire ! Pour moi, tous les Angoulême se ressemblent, parce que j'y retrouve mes amis. Je ne me suis jamais posé la question de savoir si le festival avait évolué au niveau de son infrastructure, de son organisation. Mais je ne dis pas que ça ne m'intéresse pas… C'est un festival qui est fait pour le public, pas pour les dessinateurs. Les dessinateurs sont là pour se rencontrer, se retrouver, boire un verre ensemble ! Le reste, vous savez…

Expo Loisel en 2002
Le Festival d'Angoulême avait déjà rendu hommage au talent de Regis Loisel en 2002 en consacrant une très belle exposition à Peter Pan.

Angoulême 2004 va être l'occasion de remercier votre public ?…
Bien sûr ! A travers mes confrères, je remercie mes lecteurs, c'est à lui que je dois ce prix. Je suis très heureux car je vois plein de gens qui sont très contents que ce soit moi qui ai le prix, pas pour ma personne, mais parce qu'à travers moi, cela correspond à des bandes dessinées qu'ils ont lues et aimées. A travers ce prix, c'est une sorte de bande dessinée populaire, au bon sens du terme, qu'on récompense aujourd'hui. Evidemment, il y aura toujours des gens à penser que si une série se vend, c'est que c'est de la soupe ! Tant pis pour eux, mais une bonne soupe, c'est toujours agréable à manger (rires) !

Votre programme des mois prochains va être chargé…
Oui, certainement (rires) ! On va sûrement me briefer. J'ai aussi le prochain album de Peter Pan à dessiner. Je vais essayer de le terminer pour Angoulême prochain.

Comment allez-vous gérer cela. On connaît votre volonté de discrétion, de dédicacer le moins possible.
Il est vrai que j'en ai assez de faire des dédicaces. Mais comme je respecte mon public, je préfère venir en faire un peu, plutôt qu'y aller à reculons ! J'aime bien venir de temps à autre à des festivals car, comme beaucoup de mes confrères, on en a assez de rester seul chez soi au bout d'un moment. Nous ne venons pas à Angoulême pour présenter nos albums, mais pour retrouver des confrères, serrer des amis dans les bras, découvrir de nouveaux auteurs.

Qu'est-ce qu'on peut vous souhaiter, hormis beaucoup de courage, pour les mois à venir ?
Et bien… (rires) vraiment, beaucoup, beaucoup, beaucoup de courage !

Homme discret, Régis Loisel se retrouve aujourd'hui sous les lumières de la médiatisation… un paradoxe pour un auteur qui fuit les foules ! Après la présidence cette année de François Schuiten, Régis Loisel a la lourde tâche de préparer la prochaine édition du festival de la bande dessinée. Gageons dès maintenant que le style de cette 31ème édition sera tout autre ! Rendez-vous pris en janvier 2004.

Propos recueillis en exclusivité par Brieg F. Haslé pour Auracan.com,
le samedi 25 janvier 2003.
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27/1/2003 - source: auracan.com
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